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LETTRE OUVERTE AU PROCUREUR DE LA REPUBLIQUE

dimanche 2 mars 2008

Monsieur Le Procureur de la République,

Nous nous permettons de vous écrire pour vous faire part de nos interrogations. En effet, depuis plusieurs mois, nous sommes sans arrêt soumis à des contrôles d’identité : le matin, alors que nous partons tôt au travail, le soir au retour du travail.
Les contrôles ont lieu dans les halls de certains immeubles, où vivent beaucoup d’ouvriers célibataires, mais également sur les parkings, quand nous rejoignons les camionnettes de chantier et aux ronds-points du quartier.
Quand nous demandons le motif, on nous répond « Contrôle routier », ou tout simplement « Contrôle ».

Ces contrôles sont en général opérés par des policiers en civil et en uniformes, en particulier les policiers de la PAF (Police Aux Frontières). Ils sont ciblés : les ouvriers de couleur sont systématiquement contrôlés ainsi que nos véhicules, aisément reconnaissables, car nous nous regroupons pour le transport, nous avons nos glacières pour le repas de midi. Nous avons remarqué que souvent, les policiers attendent dans des voitures banalisées, et ils nous pistent pour nous arrêter quand la voiture est pleine.

Monsieur le Procureur, nous nous interrogeons :

• Est-ce un crime de se lever tôt pour aller gagner sa vie dans des métiers pénibles ? Nous travaillons dur toute la journée, nous avons du trajet pour rejoindre nos chantiers, et nous sommes traités comme si nous étions des criminels, des gens louches. C’est humiliant et injuste.

• Y a-t-il des frontières que nous ignorons ? Vivons-nous sans le savoir en territoire étranger ? La PAF est la Police Aux Frontières. C’est pourtant eux qui nous pistent et nous arrêtent.

• Quand les policiers arrêtent nos véhicules sous le prétexte d’un contrôle routier, même lorsque tout est en règle, ils contrôlent cependant l’identité de tous les occupants du véhicule. Pourquoi ? En quoi l’identité des passagers a-t-elle à voir avec l’état du véhicule ? Nous voyons bien qu’il s’agit d’un prétexte.

Nous finissons par nous sentir comme du gibier, perpétuellement traqués, officiellement discriminés. Beaucoup commencent à parler de « chasse à l’homme ». Les contrôles ne s’appliquent pas à tous. C’est nous, les ouvriers étrangers qui sommes visés, les policiers viennent droit sur nous, ils nous arrêtent systématiquement. Ceux qui ont le type européen ne sont pas inquiétés.

Les descentes policières massives de la police nationale et municipale sur les marchés du Mirail ont encore rajouté à ce sentiment : La encore, le prétexte invoqué (la recherche de contrefaçons et la mise à l’amende de vendeurs à la sauvette) ne peut pas justifier le déploiement massif, théâtral, des policiers dans un marché populaire. Ces contrôles incessants, cette persécution, exaspèrent de plus en plus de gens et risquent de provoquer des réactions de rejet.

Monsieur Le Procureur de la République, laissez-nous travailler tranquillement. Nous sommes des gens honnêtes, nous ne faisons de mal à personne, nous sommes des citoyens de ce pays, notre travail est utile au pays, utile à la société. Rien ne justifie ces contrôles incessants, cette traque, ces déploiements policiers massifs contre nous et nos familles.

Monsieur le Procureur de la République, nous vous demandons instamment de ne plus autoriser ces contrôles discriminatoires.

Dans l’espoir que vous entendrez notre requête, nous vous adressons, Monsieur le Procureur de la République, nos salutations respectueuses.

Ce courrier prend la forme d’une Lettre Ouverte, que nous adressons à la population et à la presse.
Une copie est envoyée à M. le Préfet.

Les Collectifs pour une politique de paix et d’amitié entre les habitants du pays

Le Rassemblement des ouvriers sans-papiers, gens d’ici, et leurs amis

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