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Travailler, en situation, à une politique de paix : l’exemple de l’action pour le maintien du collège Raymond Badiou à Reynerie

dimanche 26 mars 2017

1. Les faits :

Depuis la rentrée, le Conseil Départemental, en accord avec le Rectorat, et soutenu par certains syndicats enseignants et associations de parents d’élèves, prévoit, sous prétexte de mixité sociale, de détruire les collèges de Reynerie puis Bellefontaine, et de les reconstruire plus tard dans un quartier proche. Dès la rentrée de septembre 2017, ils veulent supprimer la 6° à Raymond Badiou et envoyer les enfants concernés dans plusieurs autres établissements de l’agglo.
Parents, habitants, enseignants, élèves et anciens élèves, sont mobilisés contre le projet, vécu comme une véritable agression, une décision injuste, qui ne tient pas compte d’eux, de leur avis, et au contraire les désigne encore et toujours comme des « problèmes ».

2. Le discours des institutions :

Sous le prétexte de favoriser la réussite des élèves grâce à la mixité sociale, les arguments de fond ont été clairement énoncés à plusieurs reprises, et notamment lors de la réunion du 22 novembre présidée par M. Meric, Président du Conseil Départemental et dans la presse : « La République est en danger, il faut lutter contre le communautarisme et la radicalisation ». « Actuellement, c’est une vraie cocotte-minute, une bombe à retardement, qui risque de nous exploser à la figure » « On n’a pas le choix. »
Autrement dit, pour ces gens-là, les élèves de Reynerie et Bellefontaine constituent un danger public, c’est de la graine de terroriste, qu’il faut disperser, comme on disperse les cendres pour éteindre le feu.
C’est un discours guerrier, qui désigne les enfants du quartier et leurs familles comme des ennemis potentiels, à encadrer, surveiller, mater... C’est un discours de radicalisation, porteur de haine, de mépris et de division.

3. La réponse des habitants :

Parents, enseignants, habitants, déjà regroupés sur le thème « Aucun enfant ne doit rester sur le bord de la route », nous avons décidé de réagir, de ne pas laisser faire, de ne pas laisser dire.
Les enfants du Mirail sont des enfants du pays, ils sont des élèves comme les autres, et doivent être traités à égalité. Certes, il y a ici des élèves en difficulté, mais ce n’est pas en les dispersant et en les cachant qu’on les aidera à mieux réussir.
Depuis des années, les dispositifs qui marchaient comme le RASED en primaire, la SEGPA au collège sont abandonnés, il y a de moins en moins de personnel pour encadrer les enfants à l’école. Hors de l’école, il n’y a pratiquement plus d’éducateurs de rue, les enfants dont les parents travaillent sont livrés à eux-mêmes. Il y a de moins en moins de financement public pour permettre aux enfants du quartier de rencontrer des enfants d’autres villes, d’autres quartiers, d’enrichir la culture des élèves, de pratiquer des activités artistiques, etc...
Nous disons qu’il faut d’abord remettre du personnel dans le collège et hors du collège, soutenir les projets culturels des enseignants, développer l’encadrement et les activités hors temps scolaire, remettre en place les dispositifs d’aide supprimés, etc... Il n’est pas vrai, comme le prétextent les institutions et en particulier le Rectorat, que tout a été essayé. Mais il est vrai que beaucoup de ce qui commençait à marcher a été et est détruit !
Rien ne justifie de supprimer le niveau 6° à la rentrée. Nous voulons que tous les enfants du quartier actuellement en CM2 soient accueillis en 6° à Raymond BADIOU en septembre 2017.

Pour cela, parents, enseignants, habitants, jeunes, se rencontrent régulièrement. Une pétition circule activement sur le quartier, nous sommes intervenus au marché, nous affichons régulièrement les rendez-vous, nous sommes allés à plusieurs reprises donner nos arguments lors des réunions avec le Conseil Départemental, etc...

L’exemple du collège Badiou de Reynerie illustre bien les choix qui peuvent être faits dans une situation donnée :

  • Le choix de la mise à mal d’un quartier de Toulouse et de ses habitants à partir d’une conception guerrière du traitement des problèmes : destruction d’un collège, déplacement d’enfants hors de leur lieu de vie, stigmatisation d’une population déjà malmenée socialement, non-prise en compte de la parole des habitants et usagers de ce collège, solutions mensongères concernant la mixité sociale, qui ne se décrète pas, ne se planifie pas.
  • Ou le refus de cette politique désastreuse et le choix de la mise en mouvement d’un quartier de Toulouse à partir d’une volonté de paix : prise en compte de la parole des habitants, mise à plat des difficultés et solutions proposées pour mieux vivre ensemble, valorisation du travail des enseignants, des parents et des élèves, sollicitation des pouvoirs publics pour la mise en œuvre de ces solutions etc.
    C’est ce choix que nous faisons avec tous ceux qui comme nous sont animés par la conviction que dans notre quartier comme partout en France, la paix est possible.

Nous voulons faire connaître notre bataille, pas pour la publicité, mais pour montrer que même dans une situation particulière, locale, des choses se jouent qui sont de l’ordre du principe :

  • Est-ce qu’on accepte le discours guerrier et les décisions arbitraires des institutionnels, est-ce qu’on s’y plie, même à contre-coeur, avec toutes les mauvaises conséquences prévisibles ?
  • Ou bien est-ce qu’on avance d’autres propositions, pour l’intérêt réel des enfants ? Des propositions qui respectent les gens (enfants, parents, enseignants, habitants), qui leur permettent de se rencontrer, d’affirmer leur volonté d’entente pour le bien commun, de pratiquer concrètement que nous aussi nous sommes le pays, et que ce pays, nous voulons qu’il soit celui de tous ceux qui y vivent, ensemble et à égalité. 

Vous qui vous questionnez sur ce qui se passe au collège, vous qui vous vous trouvez affrontés au même type de problème, vous qui souhaitez faire avancer la solidarité, le respect mutuel, l’entente entre les gens, vous qui n’en pouvez plus des discours guerriers, des propos haineux, des préjugés sur les uns et les autres
Contactez-nous, venez nous rencontrer, voir sur place ce qui se passe, écouter ce que les gens d’ici ont à dire.
N’hésitez pas à venir nous voir, à discuter avec nous, à diffuser ce texte, à nous faire connaître d’autres expériences allant dans ce sens, etc...

Penser et pratiquer une politique de paix, c’est possible !

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