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NOS VIES COMPTENT !

dimanche 4 octobre 2020

Ce texte a été écrit par des habitants du quartier de la Reynerie à Toulouse, nous le relayons.

NOS VIES COMPTENT !

« Nous, habitants du quartier de la Reynerie, nous n’acceptons plus l’abandon du quartier par les pouvoirs publics. Nous affirmons que nos vies comptent, que nous avons le droit de vivre tranquilles, que rien ne justifie la dégradation actuelle de nos conditions de vie :»

Effectivement, depuis quelques temps maintenant le quartier Reynerie est dans une recrudescence sans pareil de nuisances et de trafic : Il est extrêmement bruyant de par les cris de jeunes personnes qui se mettent à hurler violemment lors de la venue des agents de forces de l’ordre. Le soir, le quartier devient une vraie discothèque ou la musique et le bruit sont extrêmement forts et cela dure toute la nuit jusqu’au matin comme si personne n’habitait les lieux, toutes leurs ordures restent jusqu’à ce que les agents de nettoyage passent, ce qui est irrespectueux envers eux. Enfants et adultes ont du mal à dormir ou se réveillent en sursaut en plein milieu de la nuit ce qui engendre absences, pressions et tensions autant sur le niveau familial, scolaire ou professionnel. Comment voulez-vous que l’on ait une vie sereine et décente dans de telles conditions ?

Nous ne comprenons pas : comment est-il possible de faire un tel tapage et un tel désordre en toute impunité et sans que rien ni personne ne s’y opposent, pourquoi un tel « laisser faire » ? Ne serions-nous pas considérés comme des personnes respectables, autant que les autres toulousains ? N’existe-il pas une clause dans le bail assurant sécurité et sérénité aux habitants ? Non, les bailleurs renvoient les habitants en leur disant que ce n’est pas de leur ressort. Les policiers calment les choses lors de leur courte présence et quand ils repartent, tout reprend. Que dire de l’état des cages d’escaliers et des ascenseurs, souvent en panne et rendus totalement insalubres de par l’urine, les boissons renversées, les murs tagués ? Toutes les ampoules sont cassées, les fils pendent, nous devons rentrer chez nous dans le noir, un vrai danger. Nous sommes sidérés, choqués devant la passivité de toutes les instances. Pourquoi un tel abandon ? serait-ce pour pousser les habitants à partir ? Et des immeubles détruire ?

Les vapeurs intoxicantes de la drogue fumée se répandent dans les coursives et les appartements, dans les chambres des enfants, condamnés à se droguer malgré eux ! Nous voyons des gamins passer toute la journée vissés sur une chaise pour faire les guetteurs, en bas de nos immeubles. Est-ce normal ? Est-ce tolérable ? Est-ce qu’il n’y a pas en France une politique publique de protection de l’enfance ? Ces enfants ne valent-ils pas autant que d’autres enfants ?

Nous voyons des jeunes mineurs venir s’approvisionner à toute heure du jour et de la nuit. Nos coursives, nos escaliers, sont régulièrement envahis de bandes d’acheteurs, de tous âges et de tous milieux. Tout le monde vient chez nous impunément faire son marché. A un moment donné nous ne pouvons que déduire qu’il y a une réelle intention d’un « laisser-faire ». Serait-ce dans l’intention de faire fuir les habitants, afin de réaliser votre objectif  : « changer la population du quartier » ?

Nous sommes arrivés au point où les personnes qui viennent dans le quartier (famille, amis, professionnels de santé ou autres) se font interroger, fouiller et elles sont même suivies. Les policiers viennent, puis ils repartent et rien ne change. Est-il normal que quand nous appelons les bailleurs, ces derniers nous répondent « vous n’avez qu’à déménager… » Est-ce qu’ils répondraient cela ailleurs ? L’interlocuteur ne serait-il pas considéré ? N’aurions-nous plus le choix de vivre où nous le souhaitons ? car nous ne sommes pas dupes, nous constatons qu’il y a une réelle volonté de faire partir les habitants. Serait-ce en vue d’une belle opération immobilière sur un terrain maintenant en ville, paysagé et bien situé ?
Souvent il est rabâché qu’il faut détruire les grands immeubles pour venir à bout du trafic de drogue. Mais qu’en est-il alors du quartier des Izards où le trafic s’opère dans les petits immeubles neufs et « sécurisés » et où les meurtres se sont amplifiés ?

« Nous, habitants de Reynerie, disons que cet abandon ne peut plus durer et que nos vies valent autant que celles des autres toulousains. Nous demandons une présence humaine continue, renforcée dans nos immeubles, gérants, surveillants, éducateurs pour les plus jeunes qui risquent de rentrer dans un milieu dangereux sans même en être vraiment conscients.
Bailleurs comme pouvoirs publics, vous devez assumer vos responsabliltés et faire le nécessaire pour que nous puissions vivre en paix dans notre quartier. »

Assemblée d’habitants de Reynerie

mail : assemblee.habitants.reynerie@gmail.com