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Communiqué du Rassemblement

A propos de la chasse aux ouvriers étrangers dans le sud de l’Italie

dimanche 17 janvier 2010

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rosarno

Sud de l’Italie :

les tirs contre les ouvriers africains qui rentrent du travail des champs et les rafles de police qui ont suivi (pour déporter les ouvriers) sont des actes de guerre. Ils vont contre tout respect, toute prise en compte, à égalité, de la vie de chacun.

1) les faits :
Début janvier, à Rosarno dans le sud de l’Italie, des ouvriers africains se font tirer dessus en rentrant chez eux après avoir travaillé la journée dans les champs, au ramassage des clémentines. Plusieurs sont blessés. Ils organisent alors une manifestation en ville car ils ne supportent plus cette violence à leur encontre. Des affrontements ont lieu avec la police qui réprime durement cette manifestation.
Des italiens, habitants de Rosarno, manifestent à leur tour contre la présence des ouvriers africains. Des actes violents sont commis contre les ouvriers, des propos de haine, de guerre, de rejet sont tenus.
Des ouvriers africains disent "si nous ne partons pas, nous mourrons", "nous sommes venus pour travailler et, maintenant, on nous tire dessus".
Des italiens disent "nous occupons la mairie jusqu’à ce que les immigrés soient éloignés", "qu’ils s’en aillent, il faut qu’ils aient peur".

2) Cette situation dramatique, ne tombe pas du ciel.

Elle est la conséquence de la politique des gouvernements italiens qui, depuis de nombreuses années maintenant, multiplient les discours, les lois, les réglementations contre les non italiens. La dernière en date : refuser l’accès à l’école à un certain nombre d’enfants étrangers, soi-disant pour leur bien ! Cette politique de persécution est l’oeuvre de l’Etat lui-même, de ses partis, de son administration.
Ce qui est sûr, c’est que tout énoncé politique a des conséquences sur la situation, il prescrit une possibilité nouvelle, et il transforme alors la situation.

A Rosarno, des gens ont appliqué ce que l’Etat dit et fait depuis longtemps : ils ont persécuté eux-mêmes, directement et violemment les ouvriers africains qui sont venus récolter les clémentines (comme toutes les années depuis longtemps, pour un salaire de misère, mais qui permet de faire vivre plusieurs personnes en Afrique).

Quand un gouvernement propose et mène une politique de persécution, de tri de la population, quand il met en place une ségrégation dans les entreprises, les quartiers, les écoles…, quand la police n’est plus là que pour surveiller et traquer une partie de la population, alors il ne faut pas s’étonner que la guerre civile s’installe, avec un groupe contre un autre, le moi d’abord, et le meurtre en fin de compte.

3) Rosarno nous montre ce qu’il advient quand un Etat se déchaîne contre une partie de la population :

des gens s’organisent et veulent eux aussi participer à la persécution de plus faibles. Il n’y a plus aucun principe égalitaire, plus aucun principe de droit et de respect. Il n’y a plus que la guerre comme moyen de penser la politique.
En France, nous ne sommes pas mieux logés qu’en Italie !

• Avec la loi CESEDA contre les ouvriers étrangers et leurs familles, les 29000 expulsions de gens qui travaillent ici dans le bâtiment, la restauration, l’agriculture..., ou font des études, ou demandent un asile car leur pays est en guerre.

• Avec "l’identité nationale", tout droit sortie de ce qu’il y a de plus nauséabond dans l’histoire de ce pays, et qui est développée pour justifier une politique inégalitaire et ségrégationniste.

• Avec les lois "sécuritaires" qui peu à peu font tomber sous le coup de la loi (amendes, prison…) toute prise de position contre ce que fait l’Etat...

Il ne suffit pas de s’alarmer, de faire des déclarations de principe sans suite, de pétitionner ou de se scandaliser. Tout cela est largement dépassé et inefficace. Quand l’eau monte, il ne sert à rien de pleurer ou de la regarder monter avec effroi. Si on a monté des barrages, on peut se demander : Où en sont les barrages ? tiendront-ils le coup, peut-on les renforcer ?

4) Ayons nos propres énoncés ! Organisons-nous ensemble pour leur donner corps.

Voilà aujourd’hui ce qui peut permettre de bloquer cette politique criminelle et d’avancer les éléments d’une politique pour tous :

• Le pays, c’est tous ceux qui y vivent !

• Abrogation de la loi CESEDA et régularisations de tous les étrangers qui vivent, travaillent, étudient, se soignent, se réfugient ici !

• Un habitant vaut un habitant : arrêt des politiques de ségrégation contre les gens des quartiers populaires

• La religion est une affaire privée : l’Etat doit laisser tranquille les gens de religion musulmane

• Travaillons à une entente entre les gens, une amitié politique, pour une politique de paix où chacun est compté et respecté

Il y a la matière à travailler, à s’y mettre : ces énoncés ouvrent de nouveaux possibles, certains sont en construction, chacun peut décider de faire partie des bâtisseurs, à égalité.

Le Rassemblement des ouvriers sans-papiers, gens d’ici, et leurs amis
Les Collectifs pour une politique de paix et d’amitié entre les habitants du pays

Toulouse, le 15/01/2010